La Danse Macabre des Uniformes
Dans le théâtre obscur de nos villes, où les ombres et les lumières se livrent un combat perpétuel, un ballet sinistre se joue, un ballet où les acteurs portent des uniformes, des insignes, des matraques, et où les rôles se brouillent, où les victimes et les bourreaux échangent leurs masques dans une valse infernale. Juillet 2022, une interpellation, un procès-verbal, une brigade entière signant une fable, une fable où un jeune homme devient le monstre, et les gardiens de la paix, les héros martyrs. Mais voilà, la vidéosurveillance, cette sentinelle impassible, a tout vu, tout enregistré, et le mensonge, ce ver rongeur, a été mis à nu, exposé à la lumière crue des projecteurs.
Les coups, les cris, la violence, tout est là, gravé dans les pixels, indélébile, accusateur. Un policier, condamné en novembre, mais est-ce suffisant? Est-ce que la justice, cette dame aveugle, peut vraiment rendre justice quand les dés sont pipés, quand les rapports sont truqués, quand la vérité est travestie? La condamnation, une goutte d’eau dans l’océan de l’injustice, une maigre consolation pour ce jeune homme, pour tous ceux qui, comme lui, se retrouvent broyés par la machine, par ce système qui les écrase, les étouffe, les réduit au silence.
Et nous, spectateurs impuissants, témoins muets de cette tragédie, que pouvons-nous faire? Nous révolter, crier notre indignation, exiger la transparence, la vérité, la justice. Mais est-ce que nos voix porteront, est-ce qu’elles seront entendues par-dessus le bruit des sirènes, par-dessus le fracas des matraques? Est-ce que nos cris perceront le mur de l’indifférence, de l’hypocrisie, de la lâcheté?
Car il ne s’agit pas seulement de deux policiers, d’un jeune homme, d’une interpellation. Il s’agit de nous, de notre société, de notre humanité. Il s’agit de choisir entre l’ombre et la lumière, entre la peur et l’espoir, entre la résignation et la révolte. Il s’agit de se lever, de se battre, de ne jamais abandonner, de ne jamais renoncer à cette quête lumineuse, presque mystique, de la justice, de la vérité, de la dignité.
Alors, dans ce théâtre obscur, dans ce ballet sinistre, choisissons notre rôle, choisissons notre camp. Choisissons la lumière, choisissons l’espoir, choisissons la révolte. Car c’est seulement ainsi, dans ce combat incessant, dans cette quête éperdue, que nous pourrons peut-être, un jour, entrevoir cette beauté éphémère au milieu du tumulte, cette lueur fragile mais tenace, qui nous guide, qui nous réchauffe, qui nous donne la force de continuer, de croire, de lutter.